Texte & textile — 10
La danse du chantier s’étire. Les plâtriers croisés en juin sont revenus pour la phase deux du projet. J’ai l’impression de vivre dans une maison fantôme, tous les meubles et mes rouleaux de tissu soigneusement recouverts de toiles et une fine couche de gypse qui flotte dans l’air. Je couds dans un petit coin non chauffé de la maison, le seul endroit fermé où la poussière de plâtre n’entre pas. J’entends les plâtriers gémir au loin, ils se plaignent de tout et de rien, les plafonds sont hauts, il y a trop de coins de gypse ici (ils disent « coins de fer »), il fait noir comme dans le cul d’un ours, ça sèche pas !
Passé dix-sept heures, je m’étonne, l’index derrière le pied fronceur, d’être toujours à la machine à coudre. Le soleil disparaît d’un coup et je me rends compte qu’il est temps d’arrêter.